Le double jeu de Kigali et la stratégie de diversion
Depuis plusieurs décennies, le Rwanda, sous la férule de Paul Kagame, a bâti un empire d’influence économique, sécuritaire et politique sur le dos de la RDC. Le soutien militaire et logistique du Rwanda au M23, documenté par l’ONU et dénoncé par plusieurs chancelleries occidentales, a toujours suivi une logique d’occupation déguisée visant à contrôler les ressources du Kivu et à maintenir l’instabilité en RDC pour des raisons stratégiques.

Face à la montée des pressions diplomatiques et économiques, Kagame semble vouloir utiliser une figure bien connue de la scène congolaise pour brouiller les pistes : Joseph Kabila. Cet ancien président, longtemps accusé d’avoir été l’un des artisans silencieux de la mainmise rwandaise sur le Congo, revient sur le devant de la scène précisément au moment où Kagame est acculé. Une coïncidence ? Difficile à croire.
Joseph Kabila : un retour sous haute suspicion
Joseph Kabila est loin d’être un simple citoyen lambda. Son règne, de 2001 à 2019, a été marqué par l’opacité, l’infiltration systématique de l’État congolais par des agents et partenaires proches de Kigali, et une politique sécuritaire ambiguë qui a laissé les provinces de l’Est sous la coupe des milices et des puissances étrangères.
Les critiques qui voient dans son retour à Goma une manœuvre téléguidée par Kagame n’ont pas tort de douter de ses intentions. Le M23, le Rwandan Defence Force (RDF) et les réseaux mafieux transfrontaliers ont toujours bénéficié d’une certaine passivité, voire d’une complicité tacite, durant son mandat. Son retour, loin de symboliser une solution à la crise, sonne plutôt comme la continuité d’une stratégie d’occupation camouflée.
La question est à la fois politique et morale. Le Congo, riche de ses ressources et de la résilience de son peuple, mérite des leaders intègres, visionnaires et patriotes. Or, Joseph Kabila symbolise tout ce que la population congolaise rejette aujourd’hui : la trahison, la manipulation et la compromission avec des intérêts étrangers.
Permettre à Kabila de redevenir un acteur central dans la crise actuelle reviendrait à légitimer des décennies de trahison, de pillages et d’occupation déguisée. Ce serait une gifle à la mémoire des milliers de civils tués, des femmes violées et des communautés déplacées, victimes des guerres par procuration dont il est l’un des grands bénéficiaires silencieux.
L’heure n’est plus aux calculs d’intérêts personnels ni aux compromis politiciens dictés depuis Kigali ou d’autres capitales étrangères. Le peuple congolais a besoin d’une rupture radicale avec les figures du passé, avec les réseaux mafieux et les traîtres infiltrés au sommet de l’État. Il est impératif que la communauté internationale soutienne une solution juste et durable, qui passe par la fin de l’impunité, la condamnation des commanditaires — qu’ils soient rwandais ou congolais — et le rétablissement de la souveraineté nationale.
Le Congo n’a que trop souffert. Il ne mérite ni d’être vendu, ni d’être livré à ceux qui l’ont trahi.