Par Benjamin Kipoko Mbel —Themarketsion

En juin 2025, la République Démocratique du Congo a franchi une étape décisive dans sa politique d’aménagement du territoire : l’entrée en vigueur de la première loi nationale dédiée à cette question cruciale. Cette législation, promulguée récemment après son adoption par le Parlement, vient remplacer un décret colonial datant de 1957, considéré comme largement inadapté aux réalités actuelles du pays.

Un cadre moderne pour une gestion cohérente du territoire

Cette nouvelle loi ne se contente pas d’un simple toilettage juridique. Elle refonde complètement la gouvernance territoriale en RDC, en introduisant une approche intégrée et coordonnée de l’utilisation de l’espace national. Dans un pays aussi vaste que la RDC (2,3 millions de km²) où les conflits d’usage, l’urbanisation sauvage, la déforestation et les tensions foncières sont monnaie courante, un cadre légal moderne et opérationnel devenait indispensable.
L’objectif affiché par le ministère de l’Aménagement du territoire est clair : « jeter les bases d’une nouvelle gouvernance adaptée aux réalités contemporaines », notamment environnementales, sociales et économiques.

Un tournant environnemental majeur
Le volet environnemental constitue l’un des piliers de cette réforme. Pour la première fois, la loi impose une étude d’impact environnemental obligatoire pour tout projet ayant une incidence sur la nature. Cela marque un changement fondamental dans la manière dont les projets publics et privés devront être conçus et validés.
En outre, la loi reconnaît la nécessité de protéger les écosystèmes sensibles tels que les zones humides, les tourbières et les habitats d’espèces emblématiques. Il s’agit là d’un signal fort pour la préservation du bassin du Congo, deuxième plus grande forêt tropicale humide au monde, qui joue un rôle vital dans la régulation du climat mondial.

Un processus participatif et décentralisé

Autre nouveauté significative : l’aspect participatif de l’aménagement du territoire. Le texte prévoit une implication obligatoire des communautés locales, des autorités coutumières, des ONG environnementales et du secteur privé dans le processus de planification et d’affectation des terres. Cette approche vise à prévenir les conflits et garantir un consentement libre, préalable et éclairé des populations concernées.

Cette disposition, saluée par des acteurs comme l’Initiative interreligieuse pour les forêts tropicales (IRI-RDC), reflète une volonté d’intégrer les dynamiques locales aux politiques nationales, pour une gouvernance plus juste et efficace.

Quels défis pour l’application ?

Si cette loi constitue une avancée historique, sa mise en œuvre effective reste un défi majeur. Le Congo devra mobiliser des moyens humains, financiers et techniques pour traduire les principes de cette législation sur le terrain. La coordination entre ministères, provinces et territoires sera cruciale.

Comme le reconnaissent plusieurs experts, il faudra sans doute au moins une décennie pour observer des résultats tangibles. Mais cette échéance ne doit pas décourager : elle montre simplement l’ampleur de la transformation engagée.

Un espoir pour un développement harmonieux

En dotant le pays d’un cadre légal actualisé pour l’aménagement du territoire, la RDC pose les bases d’un développement plus rationnel, inclusif et durable. Cette réforme n’est pas seulement technique : elle touche à l’essence même de la souveraineté, du respect des populations, et de la protection des ressources naturelles.
À l’heure où le monde entier regarde vers le bassin du Congo comme un poumon vert de la planète, la RDC montre qu’elle est prête à prendre ses responsabilités.

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