🇨🇩🔍 Mercenaires américains, accord RDC-Rwanda et course aux minerais : une paix piégée ?

Par Benjamin KIPOKO MBEL
⚔️ De l’ombre des Roumains à la lumière américaine

Ils étaient Roumains, discrets et opaques. Ils seront bientôt Américains, organisés et redoutables. Le nom Constellis — géant de la sécurité privé, héritier direct de la sulfureuse Blackwater — circule avec insistance dans les cercles diplomatiques et militaires. Objectif ? Appuyer la RDC dans la traque des M23, ADF et autres milices, tout en sécurisant les futures zones minières contrôlées par des intérêts américains.

🤝 Accord de paix ou pacte stratégique ?

L’accord récemment signé entre Kinshasa et Kigali va bien au-delà d’un simple cessez-le-feu :

● Retrait progressif des troupes rwandaises,
● Démobilisation conditionnelle des combattants du M23,
● Traque des FDLR avec l’aide congolaise mais pour les intérêts du Rwanda,
● Pacte de non-agression entre les deux pays,
● Accès officiel du Rwanda aux ressources minières congolaises,

Un texte qui ressemble plus à un repositionnement régional sous contrôle international, qu’à un véritable contrat de paix populaire.

🇺🇸 Washington : paix, minerais et influence

Les États-Unis ne cherchent pas tant à instaurer la paix qu’à stabiliser des zones clés pour leurs intérêts économiques et stratégiques. Dans un contexte de guerre technologique avec la Chine, le contrôle du lithium, du cobalt et du coltan devient prioritaire. Et pour cela, rien de mieux que de déléguer la sécurité à des sociétés militaires privées, loin des contraintes diplomatiques.

👉 Constellis devient ainsi l’instrument d’une paix géopolitique, pas d’une paix sociale.

🔥 Le M23 : paix ou repli stratégique ?

La démobilisation du M23 semble actée sur papier. Mais sur le terrain, rien ne garantit qu’ils vont disparaître :

○ Certains seront intégrés symboliquement dans l’armée,
○ D’autres se recycleront sous de nouveaux noms,
○ D’autres encore attendront leur heure depuis le Rwanda ou l’Ouganda.

🎯 Le M23 est un outil de pression régionale, pas une simple milice à désarmer. Tant que ses parrains n’y renoncent pas réellement, la guerre reste en veille.

🇷🇼 Le Rwanda : gagnant discret ?

Kigali n’est pas le perdant de cet accord. Au contraire :
Il sécurise un accès légal aux minerais congolais,
Il voit les FDLR, son ennemi historique, désignés comme cibles principales,
Il obtient la reconnaissance implicite de son poids géopolitique dans la région.
Un accord de paix qui, paradoxalement, institutionnalise l'influence rwandaise en RDC — sous couvert de paix et de développement.

❓Vers une vraie paix ou une paix surveillée ?

Cette nouvelle architecture sécuritaire ne garantit en rien la fin durable des violences. Elle repose :
Sur des acteurs étrangers (États-Unis, Rwanda),
Des intérêts économiques lourds (minerais critiques),
Et une population congolaise absente des décisions.

La vraie paix, celle des peuples, ne viendra ni de Washington, ni de Kigali, ni de Constellis. Elle viendra d’un État congolais capable de :

● Sécuriser son territoire,
● Réconcilier ses communautés,
● Et maîtriser ses ressources naturelles.

🧠 La paix est-elle un produit d’exportation ?

Le processus en cours à l’Est de la RDC ressemble moins à une pacification qu’à une reconfiguration stratégique de l’espace congolais. Ce n’est pas la fin de la guerre, mais le début d’une paix conditionnée, encadrée, surveillée — où la souveraineté congolaise reste sous tutelle de ses partenaires.

> Question finale : dans cette paix importée, quelle est la place du Congolais ordinaire ?
Et surtout : à qui profitera vraiment le silence des armes ?

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