
Par Benjamin Kipoko Mbel
Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), formation politique dirigée par l’ancien président Joseph Kabila, fait face à une demande formelle de dissolution introduite par le gouvernement congolais. Dans une correspondance adressée le 24 avril dernier au procureur général près la Cour constitutionnelle, le vice-premier ministre chargé de l’Intérieur et de la Sécurité, Jacquemain Shabani, sollicite l’ouverture d’une procédure visant à dissoudre ce parti, accusé de collusion avec les rebelles de l’AFC/M23.
Selon le VPM Shabani, plusieurs faits graves justifient cette requête. Il pointe notamment l’implication présumée d’anciens cadres du PPRD dans les rangs de l’AFC/M23, ainsi que des propos jugés ambigus tenus par Joseph Kabila dans un média sud-africain, dans lesquels il minimisait les crimes du mouvement rebelle. Des déclarations de hautes figures du parti, notamment Aubin Minaku, sont aussi évoquées pour soutenir l’idée d’un soutien implicite voire explicite au M23.
Le ministre dénonce également le projet de retour de Joseph Kabila par la ville de Goma, actuellement sous occupation de la rébellion, ce qui, selon lui, constitue un affront aux institutions de l'État. Il rappelle que Kabila, en tant qu’ancien chef de l'État, est soumis à une obligation de réserve selon la loi sur le statut des anciens présidents, et ne peut donc ni prendre part à des actions subversives, ni entretenir des liens douteux avec des groupes armés.
Le gouvernement estime que l’inaction du PPRD face à ces dérives, notamment l’absence de sanctions à l’encontre de ses membres impliqués dans la rébellion, constitue une violation manifeste de la Constitution et de la loi sur les partis politiques. C’est sur cette base que la demande de dissolution s’appuie, conformément aux articles 29 à 31 de la loi du 15 mars 2004 régissant les partis politiques en RDC.
Depuis plusieurs mois, des tensions montaient entre le pouvoir et le PPRD. Plusieurs dirigeants du parti ont été entendus par la justice militaire. Le gouvernement avait également suspendu temporairement les activités du PPRD, une décision critiquée par la branche diaspora du parti qui dénonce une tentative de musellement politique. Celle-ci affirme avoir introduit un recours légal, resté sans réponse jusqu’à présent.
Cette affaire, qui touche directement l’un des plus grands partis politiques du pays, pourrait profondément bouleverser le paysage politique congolais, déjà fragilisé par la persistance de l’insécurité dans l’est du pays.
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