Le Sénat congolais face à un choix historique : Kabila bientôt livré à la justice ?

Ce jeudi 15 mai 2025, le Sénat examine un réquisitoire explosif visant l’ancien président Joseph Kabila, accusé de trahison, de crimes de guerre et de soutien au M23. La RDC retient son souffle.

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Par Benjamin Kipoko Mbel

Kinshasa – Le climat est lourd dans les couloirs du Palais du Peuple. À 13h ce jeudi 15 mai 2025, les sénateurs congolais se réunissent pour examiner un acte inédit : le réquisitoire transmis par l’auditeur général des FARDC, demandant la levée de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila Kabange, ancien président de la République et aujourd’hui sénateur à vie.

Le document, appuyé par le ministre de la Justice Constant Mutamba, accuse Kabila de trahison, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, notamment pour son rôle supposé dans le soutien au mouvement rebelle M23, actif dans l’est de la RDC. L’ex-chef de l’État, au pouvoir de 2001 à 2019, se retrouve ainsi au centre d’un séisme judiciaire et politique qui pourrait redéfinir les rapports de force dans le pays.

Une procédure à haut risque

Le statut de sénateur à vie confère à Joseph Kabila une immunité qui ne peut être levée qu’avec l’accord du Sénat. Certains juristes estiment même qu’un Congrès réunissant les deux chambres serait nécessaire. Quoi qu’il en soit, l’initiative du jour crée un précédent redouté autant qu’attendu. Jamais dans l’histoire du pays un ancien président n’a été aussi officiellement ciblé par des accusations de cette envergure.

Un choc politique

Le PPRD, parti fondé par Kabila, crie à la manipulation politique et aux règlements de comptes. Déjà affaibli, le parti est sous le coup d’une suspension décidée par le gouvernement, l’accusant de collusion avec les rebelles du M23. Le clan Kabila, quant à lui, parle de "chasse aux sorcières", et promet de se battre "jusqu’au bout".

Une nation divisée

Dans les rues comme sur les réseaux sociaux, les Congolais oscillent entre espoir de justice et crainte d’un chaos politique. Pour une partie de la population, il est temps que les anciens dirigeants rendent des comptes. Pour d'autres, cette démarche pourrait ouvrir une boîte de Pandore et déstabiliser davantage un pays en quête de stabilité.

Le vote du Sénat est attendu comme un moment de vérité. Le choix est clair : protéger une figure politique majeure ou affirmer que la justice est au-dessus de tous. Ce 15 mai pourrait entrer dans l’histoire comme le jour où la RDC a franchi le Rubicon.

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