Pourquoi la CADECO relancée par le M23 à Goma et Bukavu peine à fonctionner efficacement

Dans les zones de la République Démocratique du Congo sous contrôle du M23, notamment à Goma et Bukavu, les rebelles ont récemment tenté de relancer les activités de la CADECO (Caisse Générale d’Épargne du Congo) pour répondre à la crise de liquidité. Toutefois, cette initiative fait face à de nombreux obstacles, notamment l’absence du système SWIFT. Cet article explore pourquoi cette relance est fragilisée et quelles sont les autres barrières techniques et légales qui entravent son fonctionnement.

L'absence de SWIFT : un isolement financier critique

Le système SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) est un réseau de messagerie sécurisé utilisé par les banques pour les transactions internationales. L'absence de ce système pour la CADECO signifie :
Impossibilité d’effectuer des transferts de fonds à l’étranger, Isolement du système bancaire mondial, rendant toute transaction transfrontalière quasiment impossible, Manque de crédibilité auprès des institutions financières internationales. Sans SWIFT, la CADECO reste une structure financière enfermée dans une bulle locale, sans ponts vers le reste du monde.

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Le blocage du système de compensation national

La Banque Centrale du Congo (BCC) gère un système de compensation interbancaire essentiel au bon fonctionnement des institutions financières. En étant non reconnue par la BCC, la CADECO ne peut pas :
Participer aux virements bancaires interbancaires; Traiter des paiements électroniques officiels; ccéder à des instruments modernes de gestion bancaire.
Cela limite considérablement sa capacité à gérer des flux financiers entre différentes institutions et régions.

L’inaccessibilité au système SYGEBANK

Le système SYGEBANK, utilisé par les banques agréées pour centraliser et sécuriser leurs opérations, est également inaccessible à la CADECO. En dehors de cette plateforme, la gestion interne des comptes, des dépôts et des retraits devient non seulement archaïque, mais aussi très risquée pour les usagers.

Une structure sans reconnaissance légale

En dehors du cadre juridique de la République Démocratique du Congo, la CADECO opérée par le M23 : N’a pas d’autorisation légale d’exercer comme banque; Ne bénéficie d’aucune protection juridique pour ses clients.; S’expose à un refus de collaboration de toutes les institutions financières sérieuses.
Cette illégalité rend toute tentative de normalisation des opérations financières quasiment impossible.

Le spectre des sanctions internationales

Le M23 est accusé de nombreuses violations des droits humains et est soutenu, selon plusieurs rapports, par des puissances étrangères comme le Rwanda. Travailler avec une institution sous leur contrôle peut exposer les partenaires à des sanctions économiques et à une surveillance internationale accrue. Ce risque supplémentaire rend toute coopération bancaire encore plus délicate.

La relance de la CADECO dans les zones contrôlées par le M23 se heurte à de nombreux obstacles structurels et réglementaires. L'absence de SWIFT, l’exclusion du système national de compensation, l’inaccessibilité à SYGEBANK, le manque de reconnaissance légale, et la menace de sanctions forment une combinaison explosive qui réduit cette initiative à un simple outil de gestion de liquidités internes, sans avenir stable ni durable. Sans une réintégration au système financier officiel, la CADECO version M23 restera une tentative vouée à l’échec.

Benjamin Kipoko Mbel